Point sur les femmes porteuses de dystrophinopathie

Amélioration des recommandations pour la prévention, le diagnostic, la surveillance et le traitement.

263éme Workshop de l’ENMC

Hotel Marriot 13–15 Mai 2022


Description et objectifs du workshop

Le 263ème workshop de l’ENMC s’est tenu en mode hybride (à la fois en présentiel et en visioconférence), du 13 au 15 mai 2022, et a réuni 19 experts européens et américains recouvrant une large palette de spécialités, dans l’objectif de discuter du diagnostic, des caractéristiques cliniques et de l’impact des manifestations musculaires squelettiques et cardiaques chez les femmes porteuses de variants pathologiques (mutations) dans le gène DMD. Le workshop a également fait le point sur les conséquences sur le plan du suivi médical, y compris cardiologique.

Contexte :

De très nombreuses manifestations cliniques peuvent être rencontrées chez les femmes porteuses d’une mutation dans le gène DMD : certaines peuvent être asymptomatiques ou présenter des anomalies de leur bilan sanguin ou cardiologique (cette situation étant  la plus fréquente), d’autres femmes ne présentent aucun symptôme autre qu’une augmentation des creatine kinases plasmatiques, d’autres encore peuvent développer une cardiomyopathie et certaines enfin des douleurs et une faiblesse musculaires. Chez certaines femmes, la faiblesse musculaire et la symptomatologie cardiaque peuvent avoir un impact significatif sur leur qualité de vie.
La façon optimale de prendre en charge ces femmes n’est pas clairement définie en raison du manque de données d’histoire naturelle et de recherche sur le sujet. Ce workshop a été organisé afin d’identifier ce qui est déjà connu de la recherche et quelles seraient les questions restantes. De plus, les besoins de soins de ces femmes présentant des symptômes ont été discutés et ont abouti à des recommandations consensuelles incluant la nécessité d’une approche plus globale et systématique de prise en charge.

Points-clés abordés au cours du workshop :
Les participants ont partagé leur expertise clinique et les données de recherche dans ce domaine, et un débat animé a permis de mettre en exergue les points suivants :
• La terminologie actuellement utilisée pour décrire les femmes asymptomatiques, qui inclut «porteuse de DMD/BMD » et « porteuse symptomatique » n’est pas adaptée pour les femmes présentant des symptômes. Le terme « porteuse d’une mutation dans le gène DMD » devrait être utilisé uniquement pour décrire une femme portant une mutation dans le gène DMD et par ailleurs asymptomatique et présentant des examens normaux.

  • S’agissant des femmes chez lesquelles une symptomatologie clinique est clairement identifiée (signes cliniques ou symptômes), le terme « porteuse symptomatique » ne paraît pas approprié. Ces femmes devraient être décrites comme des « patientes atteintes de dystrophinopathie » incluant les « patientes avec dystrophie musculaire et/ou cardiomyopathie dues à une dystrophinopathie »
    • Les femmes atteintes développent sans doute des symptômes en lien avec l’inactivation majoritaire de l’un de leurs deux chromosomes X. Toutefois, les résultats présentés sur ce sujet sont contradictoires et l’équilibre d’inactivation du X ne peut pas permettre de prédire si une femme sera atteinte ni à quel degré. Pour cette raison, et à ce stade, l’analyse de l’inactivation du X ne paraît pas utile sur le plan clinique.
    • Afin d’améliorer l’accès au diagnostic, aux soins et aux thérapies, il existe un réel besoin d’informer sur le fait que les femmes porteuses d’une mutation dans le gène DMD sont susceptibles de développer des symptomes musculaires et/ou cardiaques. Il s’agit généralement, mais pas toujours, des mères et sœurs des garçons malades.
  • Il existe également un besoin d‘améliorer l’information des professionnels de santé (par exemple, les
    neurologues et neurologues pédiatriques, les généticiens, les cardiologues, et les généralistes) sur l’éventail des phénotypes possibles et leur importance. Ainsi, les femmes atteintes pourront bénéficier de la totalité des mesures préventives, incluant un diagnostic génétique, une prise en charge thérapeutique adaptée, ainsi que les options de diagnostic pré-natal ou pré-implantatoire.
    • Un rôle important peut également être envisagé pour les psychologues scolaires, dans le cadre de l’évaluation de problèmes cognitifs liés au déficit en dystrophine dans l’encéphale de ces femmes.
    • Il existe un besoin réel d’accélérer la recherche et la collecte de données systématique,étant donné le manqué de données de recherche et nos connaissances actuelles sur le sujet.

Les recommandations suivantes ont été émises :
• Les participants se sont accordés sur le fait que le terme « porteuse symptomatique » est peu utile et devrait être remplacé afin de refléter le tableau clinique.
• Les standards de soins devraient a minima inclure un dépistage génétique complet de toutes les femmes à risque d’être porteuses d’une mutation dans le gène DMD.
• Toutes les femmes confirmées porteuses d’une mutation dans le gène DMD devraient être référées à un médecin spécialiste des maladies neuromusculaires et en cardiologie pour une évaluation approfondie.
• Le travail entrepris pour améliorer l’information relative aux femmes porteuses de mutations dans le gène DMD doit se poursuivre à différents niveaux, et il a été admis que le rôle des associations de patients pourrait être particulièrement important sur ce point.
• Il a été reconnu que les collaborations de recherche internationales sont un élément clé pour améliorer les standards de soins et de traitements pour les femmes atteintes. Cela peut inclure la mise en place de registres de patients et des études d’histoire naturelle permettant d’obtenir des données robustes d’évaluation quantitative pour les essais cliniques et les demandes de financement de la recherche.

Resumé du Workshop

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